Bilan de la décennie 2010

Il y a quelques jours, Facebook m’a rappelé un souvenir d’il y a presque 10 ans : j’écrivais un bilan.


Bilan en 2013


Relire ce bilan ne me rend pas du tout nostalgique mais j’adore faire marcher ma mémoire et observer le chemin parcouru. Mais j’avoue … c’est en partie car je souffre d’un syndrome de l’imposteur et qu’écrire ces lignes m’aident à réaliser que mon parcours de vie n’est pas si banal. 


A l’époque, je faisais un retour sur ma première année seule depuis que j’étais parti de chez mes parents pour m’installer à Paris. Aujourd'hui, j’ai envie de faire un retour sur toute la décennie. 


Alors je vous entend à travers votre écran, vous vous demandez certainement : mais qu’a t-elle fait pendant ce temps qui mérite qu’on s’y attarde ? Mettez-vous en situation : faites-vous une bonne boisson, chaude attrapez un plaid et installez vous confortablement, zééééé parti !


Une décennie en forme de chapitres.


Comme beaucoup d’entre nous, je traverse des phases que je sépare par les lieux géographiques où j’ai vécu : 

  • mon enfance en Seine et Marne (en plusieurs phases comme j’ai déménagé plusieurs fois mais je vous la fait courte quand même), 
  • mon adolescence dans le Lot, 
  • mes années d’études à Narbonne, 
  • mon début de vie active à Paris, 
  • mon voyage en Nouvelle-Zélande, 
  • mon retour à Paris et le début d’une nouvelle carrière,
  • Mon transfert et installation à Londres post Brexit et Covid (tout un programme).

Dans mon bilan précédent, on était tout juste au début de ma vie active et de mon arrivée à Paris … Il s’est donc passé un sacré tas de choses entre ce jour là et aujourd’hui. J’aime appeler cette phase : l’Auberge Espagnole (j’en parlais déjà à l’époque) car je travaillais avec la moitié de l’Union Européenne : Italie, Angleterre (oh douce époque que l’avant Brexit !), Espagne, Pays-Bas, Hongrie etc etc … On mangeait de tout à n’importe quelle heure, on buvait de tout à n’importe quelle heure aussi … et on avait aucun problème à sortir en after work jusqu’a 5h du matin alors qu’on commençait le travail à 7h. 


Bon ça clairement, c’était avant !


Si je devais résumer cette décennie avec vous aujourd’hui, je dirais qu’elle a été faite de rencontres et de voyages. Il n’y a pas un endroit en particulier que j’appelle « chez moi ». C’est moi qui décide selon l’endroit où j’ai décidé de m’installer. Depuis que je vis en Angleterre, je pourrais dire que la France c’est ma maison mais en fait pas vraiment. Même si les conditions ne sont pas toutes réunies avec les conséquences désastreuses du Brexit qui commencent à bien se faire sentir et la sortie très timide de la crise du Covid, j’aime dire que je suis chez moi ici. Je suis toujours très attachée à mon pays natale mais tout autant que la Nouvelle Zélande et l'Angleterre.


Il y a 10 ans, je commençais tout juste à voyager : Etats-Unis, Grèce, Italie, Angleterre, Espagne … J’ai des photos en veux-tu en voilà, des vidéos aussi (un jour j’arriverai à me motiver à vous partager tout ça). J’ai vécu de sacrés aventures autant seule qu’avec des amis. J’en ai rencontré beaucoup en cours de route aussi, c’est ça la magie de la solitude, il ne faut pas la sous estimer ni en avoir peur, sortir de votre zone de confort est toujours positif ! 


En 10 ans, il y a eu des mariages, des séparations, des divorces, des déménagements, des achats de biens immobiliers, des voyages, des expatriations, des études à terminer, des débuts de carrières prometteurs, des nouveaux animaux, des succès, des échecs, une accélération de la crise climatique, une pandémie mondiale, des confinements strictes avec des couvre-feux, des attentats meurtriers à Paris mais aussi des naissances, des décès, des envies, des concerts, des expositions, des randonnées, des valeurs communes, du soutien et de l’amour, beaucoup d’amour.


Ce bilan c’est vos histoires qui s’imbriquent dans la mienne. On vit les choses ensemble, on se soutient, on se motive. Ma personnalité se nourrit de toutes ces histoires et cultures. Jamais je ne pourrais comprendre ceux qui rejettent l’immigration et prone cette absurde idée de « grand remplacement ». Nos cultures se mélangent depuis la nuit des temps et c’est ce qui fait notre force. On vient TOUS d’ailleurs mais oublient-ils que nous habitons la même planète ?


Ce qu’il y avait dans ma tête il y a 10 ans.


J’écrivais déjà que j’avais envie de m’installer en Angleterre mais je ne voulais pas le faire tout de suite … je sentais que j’avais un besoin d’aventures et d’experiences. Je pense avoir pris la bonne décision. Cependant l’envie d’être installée pour que mes (futurs) enfants grandissent avec de vrais repères est toujours présente. Ce qui a malheureusement grandi avec le temps, c’est mon éco-anxiété, l’angoisse d’avoir des enfants dans un contexte où le futur de notre Planète est très incertain. 


Je disais bosser 6 jours sur 7, les week ends et jours féries, ne pas pouvoir poser mes vacances quand je veux, devoir choisir entre travailler à Noël et le jour de l’an, aller au Starbucks, KFC ou autre Zara … tout ça c’est fini pour plusieurs raisons : j’ai enfin changé de poste mais j’ai surtout changé ma vision sur la fast fashion et la surconsommation en générale. Bon ça m’arrive encore de manger des Kinder, mais vachement moins qu’avant ! 


Je disais regarder les films en VO mais maintenant je désactive les sous-titres en anglais. Je suis une vraie bilingue now. Je parle en franglais et parfois ça m’agace de ne plus trouver le mot en français mais en même temps ça me fait quand meme bien rire. 


Je disais dépenser tout mon argent chez Fortnum & Mason à Londres, avoir des amis formidables, suivre une tournée des Hanson, ne plus avoir de télévision, avoir de beaux cheveux … et c’est toujours le cas !


Lors de mon bilan en 2012, j’ai énuméré les questions insolites qu’on me posait quand je travaillais à la réception du Camping de Paris. Mon amie Carole (avec qui j’ai travaillé dans ce même camping) et moi, on se tâte fort à écrire un bouquin sur nos experiences dans le tourisme et l’hôtellerie en particulier. On a beaucoup de choses à raconter mais on veux le faire d’une manière drôle et originales. Si vous avez des suggestions, on est preneuse !


Aujourd’hui.


J'écoute toujours Celine Dion et Francis Cabrel. Je possède 10 cartes mémoires et c'est beaucoup trop (y'en a qui ne fonctionnent même plus tsss).


Je vis à Londres, ce que j’ai toujours voulu experimenter. J’ai bossé tellement dur professionnellement pour en arriver à pas grand chose mais ça reste une évolution quand même. Je change de poste et c’est une grand avancée pour moi. Je vais partager mon temps entre Mayfair et Islington, jamais j’aurai pu imaginé ça il y a 10 ans. Je vais travailler derrière Fortnum & Mason les gars ... clairement je suis en joie ! 

Je loue un appartement avec un salon, je ne gagne pas super bien ma vie mais de quoi payer mes factures et quelques fois économiser suffisamment pour voyager. Je me suis mise à la méditation et ça me fait un bien fou.


J’ai pris du poids (je mets ça sur le dos de la dépression et des medicaments je m’en fou c’est moi qui décide), je suis célibataire et je le vis très bien. J’ai commencé à faire de la vraie décoration chez moi (ça c’est vraiment nouveau !), j’ai décidé de mettre plus de plantes vertes aussi même si pour le moment leur nombre est de 2 dont un basilique. Je fais toujours de la photo même si c’est plus rare. J’aime toujours la vie même si elle m’en a bien fait bavé ces dernières années la bourrique. J’espère reprendre les grands voyages dès que possible mais de les espacer aussi. De privilégier le train si possible. 


J’avoue scroller un peu trop Instagram, douter beaucoup de mon potentiel (maybe les deux sont liés toi même tu sais), procrastiner alors que j’ai plein d’idées créatives (photos, vidéos), ne toujours pas faire de sport, pas toujours manger hyper équilibré mais mais mais … je ne grignote pas, je prends plus soin de moi, je limite le temps sur les écrans, je lis plus donc, je ne bois pas (un verre de vin tous les 6 mois ne compte pas), je ne fume pas, je mange un peu plus végétarien même si je me considère un peu plus comme flexitarienne. Je suis devenue Tata de deux petits garçons adorables et de plein d’autres petits bouts de chou que j’aime fort tous autant qu’ils sont. Je fais souvent du vide dans mes affaires pour ne pas surcharger mes espaces vitaux, je me bats pour sortir d’une sévère dépression, j’essaye d’être la plus bienveillante possible et de ne pas me réjouir de la misère des autres (je refuse d’être une Gossip Girl quoi), d’être présente pour mes amis quand ils ont besoin.


Aujourd’hui, je suis aussi super fière de ma grande soeur qui soutient et s’implique auprès du collectif Un Jour Un Chasseur crée par les amis de Morgan Keane, tué l’année dernière par la balle d’un chasseur dans le Lot alors qu’il coupait du bois sur sa propriété. Le tireur l’a parait-il « confondu avec un sanglier » … Morgan habitait tout près de chez ma soeur. Il aurait très bien pu être dans le même collège et lycée que moi, des British dans le Lot c’est une communauté que je connais bien, que j’aime et dont je suis proche. 

Ma soeur s’est tout de suite sentie concernée par la mort de Morgan, surtout après s’être retrouvée, en allant se promener le dimanche précédent, elle même en pleine battue aux sangliers sans jamais avoir vu de panneaux « chasse en cours » …  C’est très dur de faire changer la loi mais surtout les mentalités en affrontant un lobby puissant soutenu par les gouvernements successifs à coups de « c’est la tradition française ma p’tite dame !». 


Une opportunité de changer la loi vient de se créer avec la possibilité d’aboutir à un changement des textes concernant la chasse en France : le Sénat examine en ce moment les propositions de la pétition portée par le collectif car elle a pu obtenir plus de 100 000 signatures en deux mois. Ensemble, on voit bien que les lignes commencent à bouger et cet espoir fait du bien. Si vous êtes signataires de la petition, je vous en remercie du fond du coeur. Si vous ne l’êtes pas encore, pas de problème : vous avez jusqu’au 10 mars pour le faire. Plus il y aura de signatures, plus on aura une chance de montrer que notre colère est légitime .


Aujourd’hui la cause animale et l’Ecologie n’ont pas la même place dans le débat publique qu’il y a 10 ans. A l’époque, on parlait des défenseurs des animaux et des écologistes comme des gens hystériques et d’extrême gauche, on parlait « d’accidents de chasse » mais on en parlait pas vraiment puisque c’était considéré comme les dommages collatéraux aka les homicides involontaires due à un clair manque de respect des règles de sécurité évidentes : c’était "la faute à pas de chance". 


Il faut continuer de se battre pour des idées justes et qui concernent tous le monde. Le partage de la Nature ne fait pas toujours la une des médias, même si on veut nous faire croire que c’est le « grand remplacement » qui inquiètent en priorité les gens. On vit dans une période préélectorale où on donne la parole à des grands illuminés qui ne sont que haine et surtout même pas des politiques, où nos espoirs d’un future prometteur sont réduit à néant face à la crise climatique. En ce moment, la plupart des dirigeants sont à la COP26 qui se tient en Ecosse. La jeunesse y est aussi et tente tant bien que mal à forcer les politiques à les entendre. Je ne peux que vous encourager à vous mobiliser à votre tour. Les petits gestes du quotidien comptent ! Ne laissez personne vous convaincre du contraire ! Renseignez-vous sur les industries, comment sont fabriqués vos vêtements, vos meubles ou juste simplement d’où vient la viande, la pomme, l’avocat que vous achetez. Comprenez que le steak de vache que vous mangez, ce n’est pas un chasseur qui la tué. Que la régulation des populations de sangliers et de faisans, ce n’est que pour le plaisir de relâcher et tuer car les animaux proviennent très souvent d’élevages. 


Mais surtout, ne vous dites pas qu’il faut tout changer du jour au lendemain, je fais parti des personnes qui le font au fur et à mesure. J’achète toujours mes meubles à Ikea car ils sont les seuls à livrer à domicile, je n’ai pas de voiture ni personne pour m’aider à transporter. Je fais mes courses au supermarché car il y a très peu de marchés où j’habite ou il me faut prendre le bus et ici à Londres, les transports coutent chers. Mais je fais de mon mieux et je réfléchis à deux fois avant d’acheter du neuf. Je diminue autant que possible mes déchets non recyclables, je n’ai pas de voiture depuis 12 ans, je minimise les produits de beauté et surtout les fringues. Bref, je fais au mieux même si ce n’est pas parfait. Personne n’est là pour vous faire la morale, on fait tous du mieux qu’on peut avec les moyens qu’on a.


Pour finir sur une note plus joyeuse : aujourd’hui je me suis mise à explorer ma généalogie. Je n’en suis qu’au tout début et je n’ai pas encore les réponses à mes questions mais j’avance doucement. Je suis passionnée d’Histoire et je sens que je me lance dans une expérience qui va m’apprendre beaucoup. 


Le turfu. 


Alors où serai-je dans 10 ans ? Aurai-je terminé mon arbre généalogique ? Aurai-je réussi à acheter un petit cottage avec jardin dans la campagne anglaise ? Aurai-je changé de carrière encore ? Serai-je retourné en France ou peut être je vivrai dans un autre pays ? Aurai-je pu voyagé dans des destinations qui me font envie comme le Canada, l’Ouest des Etats-Unis, Tahiti, l’Amérique du sud ? Aurai-je eu l’occasion de retourner en Nouvelle Zélande pour continuer mon voyage mais surtout assister au mariage de ma chère Florence ? Et surtout ... aurai-je enfin un vrai site internet où je continuerai à procrastiner sur Blogger ?


J’ai encore beaucoup d’idées et de projets ! Ecrire ces lignes me font à la fois flipper et donner envie de vivre à fond la prochaine décennie. Je veux garder espoir même si ce n’est pas tous les jours facile. Je veux écouter les jeunes générations au lieu de les dénigrer, je veux m’écouter plus aussi, me faire confiance et aller au bout de mes projets. Chacun a sa définition du succès, le mien ne doit pas ressembler aux autres. J’espère qu’un vrai changement face à la crise climatique sera engagé. J’espère que je continuerai la méditation et surtout je vous espère heureux, en bonne santé et que vous vous sentirez à votre place dans ce monde.


Rendez-vous dans 10 ans …


xxx


Léa




Commentaires

Articles les plus consultés