Hometown Glory

Bataclan, 22 novembre 2011. Ce soir là, nous sommes de concert. Le matin, ma sœur et moi partons pour aller voir nos amies devant la salle. C'est un moment unique et très spécial pour nous tous qui attendons cela depuis 7 ans. La dernière fois que les frères Hanson avaient joué à Paris, c'était au Grand Rex en 2005. Au fur et à mesure, nous revoyons des fans, des amies et rencontrons de nouvelles personnes qui partagent la même passion que nous pour la musique et le groupe. On nous inscrit un numéro au marqueur indélébile sur la main (pour maintenir un ordre dans la file d'attente). Puis arrive le moment de rentrer dans la salle et d'attendre les Hanson. C'est le moment le plus incroyable, c'est celui que j'aime le plus, toute cette adrénaline qui monte en toi et qui ne te quitte plus pendant 2 heures (voire 2 semaines), un moment unique je vous dis. C'est là que je me sens la plus heureuse, fière d'aimer la musique, d'aimer ce groupe et de pouvoir non seulement partager cette amour avec eux sur scène mais aussi avec ma sœur et mes amies.









Pendant 2 heures, on danse, on chante, on saute, on se prend dans les bras, on sourit, on applaudit, on est heureux, très heureux. On se dit qu'on a de la chance de vivre ce moment. De vivre cette passion en parfaite symbiose avec les gens autour et avec le groupe.

Alors voilà.
Je ne sais pas si vous avez connu ça. Je ne sais pas si vous avez déjà ressenti ce bonheur intense.
J'essaye de m'imaginer ces fans qui étaient de concert le 13 novembre 2015 au Bataclan. Ses fans qui venaient de rentrer dans la salle, qui étaient heureux et fiers et qui avaient une dose d'adrénaline incroyable. J'essaye de me mettre à leur place. C'est impossible. Impensable d'imaginer une seconde ce qu'ils ont pu vivre. Parce que dans cette salle, j'ai vécu un des plus beaux moments de ma vie et je ne peux imaginer que ce moment puisse en quelques secondes basculé vers l'horreur.

Ce samedi 14 novembre, après une très courte nuit, je me réveille et je vois cette image :


Et j'ai pleuré. Pleuré à chaudes, très chaudes larmes. Car je réalise ce qui vient de se passer. Je suis émue du soutien et des prières venant du monde entier mais je réalise l'horreur et ma tristesse est très profonde. Je me dis que ça aurait pu être moi, ou ma sœur, mes amis, que ce soit à cette terrasse de restaurant, dans la rue ou au Bataclan. J'habite Paris. J'aime Paris. Ce sont des quartiers que je connais, où je vais très souvent alors ça me touche plus personnellement. Ca ne veut pas dire que je ne suis pas triste de ce qui se passe ailleurs, en Syrie, au Liban ou en Palestine, que je n'y pense pas et que je leur envoi pas mes prières. Cette fois, ça se passe chez moi, dans mon pays, dans ma ville et je ne crois pas être égoïste. On ne peut tout pas s'imaginer des lieux qu'on ne connait pas, c'est irréaliste et illiogique.

Ce mercredi soir pour la première fois depuis plusieurs jours, j'ai réussi à sortir de chez moi. Je suis allée marcher le long de la Seine. Seule ou accompagnée, c'est ce que j'aime le plus faire dans ma ville. J'aime me souvenirs des bons moments passés avec mes amis sur les quais à boire du vin et des bières, à rire et à refaire le monde en admirant Notre Dame et en faisant coucou aux clients des bateaux-mouche.










Aujourd'hui quelque chose a changé. Au lendemain du 7 janvier 2015, nous comprenions que la Liberté d'Expression était visée, que seules certaines personnes étaient visées. Maintenant nous savons que nous le sommes tous, de manière totalement aléatoire. Nous sommes tous une cible potentiel de ces barbares inhumains. Mais il leur manque un grand détail : les démocraties gagnent toujours à la fin. Nous sommes à terre mais nous nous relèverons parce que nous savons combattre le fanatisme, nous l'avons déjà fait.






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